« Chéri(e), comme tu ne travailles pas, peux-tu aller chercher les enfants à l’école et lancer les machines ? » Cette phrase provoque souvent une réaction épidermique que pourtant la personne au chômage n’ose pas exprimer, tellement elle se sent dévalorisée ! Si la perte de son emploi est difficile à vivre pour la personne concernée, elle l’est également pour son entourage qui ne sait pas toujours comment l’accompagner.
Véritable épreuve pour le couple
A la dimension financière, s’ajoute une blessure narcissique qui donne à certains l’impression de perdre leur identité, leur place, leur dignité. Alors, le conjoint peut avoir le sentiment de perdre sa place dans la société et parfois également au sein de son couple. Une situation qui peut avoir des répercussions directes sur l’intimité du couple, un espacement, voire une rupture de la sexualité. » J‘ai l’impression de ne plus rien valoir, d’être nul… » » Je n’ose pas dire dans les dîners que j’ai perdu mon emploi, je mens pour ne pas l’avouer… ». Et pourtant il n’y a aucune honte à avoir mais la blessure est là malgré tout. « Quand je regarde mon conjoint qui travaille, j’ai l’impression que son regard à changer sur moi car je suis au chômage… ». En réalité c’est son propre regard sur elle même qui a changé. Elle se sent dévalorisée, comme « amputée » d’une partie d’elle même.
C’est une véritable épreuve pour le couple, surtout en fonction de l’âge. C’est différent de rechercher un travail à 30 ans ou à 53 ans. Certains vont en profiter pour changer de voie professionnelle, le prendre comme une opportunité pour mieux ajuster leur équilibre de vie. D’autres seront déstabilisés et se remettront totalement en question. Le rôle du conjoint qui travaille n’est pas facile: être là, soutenir, encourager sans trop conseiller ni trop « booster ». S’intéresser aux recherches et démarches sans mettre non plus trop de pression : un équilibre difficile à trouver mais ce soutien est indispensable.
Le couple est un système
Tout changement – que ce soit une perte de travail ou à l’inverse, un nouveau job – peut faire grincer les rouages. Ce changement nécessite de bouger ses habitudes et modifie aussi la représentation que nous nous faisons l’un de l’autre. Le rythme, les repères sont bouleversés, et quand la non communication était masquée par l’action, le chômage peut mettre à jour ce manque. Le chômage peut alors être la variable permettant de rééquilibrer le temps de l’échange. La communication est donc essentielle mais elle doit se faire sans pression pour être constructive. Savoir prendre des temps à deux, dans des moments de calme pour échanger et soutenir.
Comment y faire face ?
- S’accorder du temps à la discussion/à l’écoute de l’autre,
- (Re)formuler les contraintes/ émotions/ frustrations (sans jugement),
- Pouvoir se représenter les besoins de l’autre,
- Avoir une réaction réconfortante, permettant à l’autre de se confier, sans crainte de récolter reproches ou mutisme agressif,
- Faire équipe avec son conjoint pour traverser cette période de fragilité sont autant d’éléments qui aident à traverser les difficultés et à renforcer le couple.
Bénédicte Vital, conseillère conjugale et familiale